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Grève des pompiers : « Le rêve de gosse s’efface »

19 juillet 2019 | Social

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[MàJ le 19/09/2019] Entre les sapeurs-pompiers professionnels et le gouvernement, le torchon brûle. Les soldats du feu ont initié un mouvement de grève le 26 juin, qui perdure aujourd’hui. Une action intersyndicale à laquelle participe la CFTC.

Affichages, rassemblements spontanés, grèves (mais jamais plus de 50 minutes, devoir oblige…) depuis le 26 juin, les casernes de pompiers fleurissent de banderoles et de messages. Et cela risque de se poursuivre tout l’été. Les pompiers interpellent la population sur leurs conditions de travail, fortement dégradées. Avec les dérèglements climatiques, par exemple, les premiers à braver tempêtes de neige, orages dévastateurs, étés caniculaires, restent les pompiers. Pourtant, leur mal-être n’est pas entendu.

Revendication n°1 : se mettre d’accord sur la définition de la sécurité civile

« Nous avons déposé notre préavis de grève le 26 juin. Depuis, il ne s’est rien passé. Aucune table de négociation n’est ouverte, c’est le silence absolu du gouvernement. Nous prolongeons donc notre mouvement jusqu’au 31 octobre. Avec une journée de manifestation le 15 octobre à Paris » déplore Frédéric Perrin, responsable du syndicat CFTC SPASDIS (Sapeurs-Pompiers et Agents des Services Départementaux d’Incendie et de Secours).

Les pompiers sont gérés par deux entités : le préfet en tant que représentant de l’Etat et les collectivités locales pour le financement. L’intersyndicale, composée de 7 organisations syndicales, revendique une mesure phare : rassembler tous les acteurs (ministère de l’Intérieur, ministère de la Santé, association des maires de France, association des départements…) autour d’une table. L’objectif : redéfinir ensemble la sécurité civile en France.

Les syndicats réclament aussi une augmentation de la prime de feu. Cette prime, qui date de 1990, n’a jamais évolué… Entre temps, le métier a été reconnu comme dangereux en 2004 : on compte un décès en moyenne par mois. C’est une épée de Damoclès au-dessus de la tête des pompiers quand ils partent en opération. Mais aucune mesure n’a été prise pour compenser la dangerosité du métier. « La seule incidence que nous avons observée est d’ordre personnel. Quand j’assure ma maison ou ma voiture, je paie plus cher parce que mon métier s’avère dangereux » commente le militant de 46 ans, adhérent à la CFTC depuis 1995. 

Côté salaires, à la différence de leurs autres collègues, fonctionnaires territoriaux, les pompiers, de par leur statut particulier, gagnent un salaire, constitué à 43 % de primes. L’intersyndicale demande que les primes soient intégrées dans le salaire et dans le calcul des droits à retraite. Pour éviter de pénaliser les pompiers qui auraient des accidents de parcours (seule la prime de feu entre aujourd’hui dans ce calcul). « Un pompier qui se retrouve inapte ou reclassé dans l’administration territoriale, va perdre tous les avantages, en particulier les primes, liés à son statut. Il partira avec une retraite plus petite. C’est ne pas reconnaître les années de service pour le bien de la population » affirme Frédéric Perrin.

Plus de 80 % des interventions concernent le secours à personne

A 9 ans, Frédéric Perrin faisait déjà partie de l’association des jeunes sapeurs-pompiers de Chaumont. A 16 ans, il rejoint l’effectif des pompiers volontaires. Puis devient naturellement professionnel en 1994. Avec l’envie de s’engager au service des autres : « On n’exerce pas ce métier par hasard ou alors on se trompe. »

Il a vu évoluer son métier… dans le mauvais sens : augmentation du nombre d’interventions, sous-effectifs, manque de moyens. « Il s’agit d’une véritable problématique de gestion de la sécurité civile en France. Les pompiers de Paris et les marins pompiers de Marseille assurent la sécurité civile (porter secours à la population, protéger les biens et l’environnement). Pour y arriver, nous travaillons avec d’autres services quasi-absents, à commencer par la santé. Conséquence : les pompiers restent les seuls à répondre sur tout le territoire, en tout temps et à toute heure » explique Frédéric Perrin.

Pour le militant CFTC, la sur sollicitation des interventions des sapeurs-pompiers résulte, d’une part de l’absence des services de santé (déserts médicaux, fermeture des services hospitaliers) et d’autre part des décisions politiques. Selon les statistiques des services d’incendie et de secours (édition 2018), le secours à personne représente plus de 80 % des interventions des pompiers contre 65 % dans les années 2000.

Concrètement, les pompiers assurent davantage des missions de transport de personnes nécessitant un bilan médical ou de l’assistance (apporter à boire et à manger à des routiers bloqués sur l’autoroute lors d’une tempête de neige par exemple) que des urgences vitales (malaise cardiaque, accident grave de la circulation, hémorragie abondante), qui, elles, entrent dans leurs prérogatives. Autrement dit, les pompiers répondent davantage à des services qui ne relèvent pas de leurs missions premières. Car selon Frédéric Perrin, le Samu ne prend pas ses responsabilités.

En parallèle, les agressions augmentent et se banalisent. Le métier est devenu pénible en plus d’être dangereux. Cela génère du stress grandissant ainsi qu’une baisse de motivation et des vocations. De plus en plus de pompiers en proie au mal-être quittent la profession. Pire, le taux de suicide chez les sapeurs-pompiers est bien plus élevé que la moyenne des Français. Le métier attire mais moins qu’avant. Même les jeunes volontaires semblent de moins en moins intéressés par le concours qui leur permettrait de devenir pompiers professionnels. « Le rêve de gosse du pompier s’efface mais les politiques parlent d’économies » dit Frédéric Perrin.

Au ministre de l’Intérieur qui a demandé à tous les préfets de réaliser « un diagnostic sur la sécurité des pompiers », le syndicaliste répond, las : « Il faut qu’on arrête les diagnostics. En France, on fait des rapports, enquêtes et diagnostics. Mais derrière, il ne se passe rien.» Il ajoute, révolté : « Il est temps d’agir ! » On a envie de conclure avec ce mot, si simple, qui fait partie de la devise des pompiers et qui a tout son sens : « courage »…

 

Chantal Baoutelman

5 fois plus de pompiers volontaires que de professionnels

40 000 pompiers professionnels et 195 000 volontaires. Un pompier peut commencer sa carrière entre 20 et 21 ans et travailler 40 ans. Tant qu’il remplit les conditions physiques : les pompiers sont soumis à une visite médicale et sportive par an.
Selon les communes, les pompiers volontaires interviennent sur bip ou ils sont en garde postée dans les casernes. Les volontaires, plus nombreux, remplacent désormais leurs collègues, professionnels, mais souffrent également d’une baisse des vocations !

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