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« Je ne vois pas de logique dans tout ce qu’on fait », Amar, professeur de mathématiques

20 novembre 2020 | Social

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Amar, 38 ans est professeur de mathématiques au lycée, à Roubaix. Enseignant depuis quinze ans, il est bien placé pour parler de cette rentrée des classes si « particulière » et pointer le manque de logique qui règne dans cette période si troublée.

Comment s’est passée la rentrée ? A-t-elle été « aussi normale que possible », comme l’avait promis le ministre Blanquer ?

A-t-elle été normale ? Elle a été très particulière. Je dirais qu’à quelques détails près, elle a été normale. Mais il a fallu se réadapter, mettre en place les nouveaux protocoles sanitaires, de sécurité (aérer, disposer les élèves à distance raisonnable, nettoyer et désinfecter les classes). Tout ceci est très contraignant et c’est autant de temps où on ne fait pas autre chose.

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Rencontrez-vous des difficultés depuis cette rentrée ? 

Oui. Nous devons gérer les effets du premier confinement. Depuis septembre, nous n’avons pas retrouvé une dynamique de travail normale. Réarmer la routine éducative avec les élèves est extrêmement compliqué : il est presque impossible de les garder concentrés pendant une heure de cours. Pendant le confinement, ils ont pris l’habitude de se « déconnecter » en cédant aux parasites extérieurs, à la télé, au téléphone, ils ont pris l’habitude de « zapper », de se lever. La deuxième difficulté, et pas des moindres, est le port du masque. On ne s’en rend pas forcément compte, mais c’est anxiogène et il déclenche des petites maladies. Certains élèves ne le supportent pas, d’autres ont « besoin d’air » et veulent sortir, d’autres ont soif… Ils n’ont pas assez de maturité pour le supporter. Tout ceci perturbe l’enseignement. Quant à moi, il m’a provoqué une extinction de voix deux semaines après la rentrée !

Craignez-vous un reconfinement généralisé ?

Très honnêtement, je pense que certains élèves ne le supporteraient pas sur le plan psychologique. On vit une période trouble, extrêmement anxiogène pour tous et les élèves n’y échappent pas. Pour moi, un reconfinement créerait des conséquences dramatiques, bien plus graves que le Covid. On est dans le curatif, sans s’inquiéter des conséquences. Dans le primaire, on constate que le « syndrome de la cabane » est de plus en plus répandu. Les enfants se calfeutrent dans leur chambre et ne veulent plus en sortir, ne plus aller à l’école parce que c’est dangereux, parce qu’il y a un virus et qu’on peut mourir. Pour moi on traite les conséquences, pas les causes. Et ça déborde bien évidemment l’enseignement. Il va y avoir des vagues de suicide. Pensez aux restaurateurs, aux propriétaires de bars. Comment voulez-vous qu’ils tiennent. 

Après l’expérience du premier confinement, pensez-vous que la fameuse continuité pédagogique puisse être appliquée ?

En théorie, c’est génial. En pratique, pas du tout. Elle serait idéale… si les enfants étaient équitablement équipés ! Si je ne regarde que mon exemple, il faut un sacré investissement pour pouvoir enseigner à distance : en mars 2020, j’ai dépensé 3 000 euros pour m’équiper ! Une famille de six personnes ne peut équiper chaque enfant de façon optimale. Alors les élèves suivent les cours sur leur téléphone qui ne sont pas faits pour ça, où les logiciels ne sont pas adaptés. Les enfants ne sont pas logés à la même enseigne, sans parler des parents, qui ne peuvent s’improviser profs du jour au lendemain !

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Avez-vous peur d’aller à l’école ? D’attraper le virus ?

Je n’ai pas peur. Mais je ne vois pas de logique dans tout ce qu’on fait. Je vous parlais des mesures sanitaires et de sécurité. Mais quelle pertinence ont-elles quand les enfants se regroupent sous le préau parce qu’il fait froid ? Quand ils sont agglutinés à la cantine ? Moi je le vis bien, mais c’est extrêmement anxiogène pour certains enseignants. Il aurait fallu une réflexion stratégique en amont, qu’on puisse fonctionner par demi-classes. En fait, nous sommes des babysitters pour que les parents puissent travailler. Voilà notre rôle aujourd’hui.

Propos recueillis par Stéphanie Baranger

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