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« La reconnaissance du Covid en tant que maladie professionnelle devrait nous être attribuée », Sandrine, éducatrice spécialisée et militante CFTC

8 avril 2020 | Visages du syndicalisme

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Sandrine est éducatrice spécialisée dans le foyer d’action éducative (FAE) Marie-Pascale Péan, pour adolescentes (14-18 ans), à Mulhouse (68), un établissement de la Fondation de l’Armée du Salut*. Elle est également déléguée syndicale de l’établissement et trésorière du CSE central.

Comment votre structure fait-elle face au Covid-19 ?

En prenant les problèmes à bras-le-corps au jour le jour ! J’ai la chance d’avoir une direction qui communique beaucoup, qui a tout de suite mis en place un plan de continuité de l’activité auprès de ses 50 salariés et appliqué les gestes barrières ainsi qu’une désinfection régulière. Le service d’accueil de jour a été fermé, les visites à domicile suspendues, remplacées par la visio et le téléphone. Seul l’internat est resté ouvert, évidemment. Cela fonctionne plutôt bien, même si ça complique notre quotidien.

Maintenant, la direction ne peut pas distribuer ce qu’elle n’a pas. En Alsace, la fermeture des écoles a commencé une semaine avant le reste de la France. Nous avons reçu une livraison de 50 masques d’un établissement de l’Armée du Salut voisin du nôtre, puis une de 200 masques du conseil départemental en trois semaines… Et pas de vêtements de protection (blouses, charlottes…).

Nous sommes tous les jours confrontés au risque de contamination dans le médico-social. La déclaration du Covid en tant que maladie professionnelle doit être la même que pour le personnel soignant, sans compter que nous n’avons aucun recul sur d’éventuelles séquelles pulmonaires pour le personnel contaminé… Nous sommes de « grands oubliés », pourtant nous devons assurer la continuité de notre activité H24 et notre activité relève de l’aide à l’enfance…

Comment ces mesures de confinement sont-elles vécues par les jeunes filles que vous accueillez ?

Très mal ! On a suspendu les activités de groupe dans les salles ou le parc… Depuis la suspicion de deux cas de Covid chez nos internes et au sein du personnel, il n’y a plus de repas partagés, elles viennent elles-mêmes chercher, puis nettoyer leurs assiettes à tour de rôle. Chacune mange seule, dans sa chambre… Au début, elles ont eu beaucoup de mal à prendre conscience de la gravité de la situation.

Il faut dire qu’une ado n’est pas forcément tentée d’aller voir d’elle-même une chaîne d’info nationale. Donc une collègue a eu une belle initiative : elle réalise un journal sur le Covid, sur ce qu’il faut savoir, et nos jeunes qui le souhaitent y expriment leur ressenti sur le confinement. Le décès de cette jeune fille de 16 ans les a naturellement beaucoup affectées. Je dirais qu’elles ont enfin saisi le danger… Mais le climat est explosif !

C’est inédit pour elles, pour nous. Nos jeunes sont là suite à des placements judiciaires, le plus souvent pour des problèmes familiaux… Cet enfermement leur fait ressentir d’autant plus fort la solitude, le rejet de leur famille pour certaines… Elles s’ennuient. Sans compter que quelques-unes se débattent avec des addictions… Là, il n’y a plus d’échappatoire, plus d’allées et venues… Si le confinement perdure, je crains bien une révolte dans nos internats ! C’est difficile d’empêcher un jeune de sortir, les nôtres encore plus.

Quelles attentes avez-vous ?

J’aimerais que ces jeunes deviennent visibles. Ils ne le sont pas aujourd’hui, ni auprès des médias, ni auprès de l’État. J’aimerais que notre travail devienne visible. Que deviendraient ces enfants dans une telle période ? On doit continuer coûte que coûte et avec les moyens du bord. C’est loin d’être facile et c’est un problème de longue date. Les travailleurs sociaux sont parmi les plus mal payés, les plus mal reconnus. Et pourtant… Ne sont-ils pas indispensables à la nation ?

 

Propos recueillis par Maud Vaillant
Crédit photographique : Bernard Gouédard

 

*L’Armée du Salut, au titre de son action sociale auprès de la jeunesse, déploie foyers d’action éducative et maisons d’enfants à caractère social, pour accueillir les jeunes à la suite de mesures judiciaires ou administratives relevant de la protection de l’enfance.

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